Partage, en toute humilité

Il y a quelques mois, Charlotte m’a demandé de parler de mon expérience en tant que formatrice YTT,

Voici ce que j’ai partagé :

Comment se présenter en quelques mots, avec le risque d’en faire trop ou de ne pas en dire assez ? Je vais rester moi même, je me lance !
Je m’appelle Anne Lahaye, je vis à Mios, dans une maison qui s’est transformée peu à peu en studio de yoga.

Un petit retour sur ma propre formation s’impose.
Lorsque j’ai suivi la formation de professeur de yoga, j’étais à la fois impatiente et inquiète.
Impatiente, car je sentais que cette formation allait me nourrir, compléter ce qui manquait.
Inquiète, car ma flexibilité était, comment dire? très relative.
Puis sont venues les questions incontournables que beaucoup d’entres nous se posent : est-ce que j’en suis capable ?

Dès que l’on se compare on trouve forcément mieux ou moins bien que nous. L’égo ressurgit et nous nous mettons une pression qui s’avère inutile et qui nous retient dans nos actions.

Si j’ai choisi de vous livrer les impressions de ma propre formation c’est que je n’oublie jamais d’où je viens et combien la confiance en moi était fragile.

J’ai tellement appris durant ces années de pratique, jour après jour, les cours différents à chaque fois, le partage, un sens de l’observation plus accru, la pratique qui évolue, le ressenti qui s’affine.

Nous sommes nombreux à rechercher notre Dharma,
« ce pourquoi nous sommes fait »
Si nous sommes honnêtes envers nous mêmes, nous savons bien ce qui nous anime, ce qui contribue à notre équilibre, à notre bonheur, même si le chemin est parfois sinueux.

Très vite, j’ai eu envie de transmettre à mon tour, de former d’autres professeurs. Et devinez ? Les questions sont revenues !
Est-ce que j’en suis capable ?

J’avais tout en tête, mais un travail considérable m’attendait. Mettre en forme toutes ces connaissances, savoir comment les transmettre le mieux possible. Une chose commune à mes cours, je souhaitais un nombre restreint d’élèves afin d’être attentive à tous.

J’ai soumis mon programme à Yoga Alliance, qui l’a validé après quelques mois d’échanges, de réglages, de précisions, notamment concernant la sécurité des élèves, la qualité de la formation. En tant que professeur de yoga nous devons respecter un code éthique, et faire en sorte que la qualité des enseignements, en cours, en stage ou en formation, soit juste et adaptée.

Etre attentive à chacun reste essentiel. Je ne propose que deux ou trois places par formation. Cela peut surprendre mais je prends un soin particulier « à choisir » les personnes que je forme.
J’ai une responsabilité, celle de transmettre le yoga à des personnes qui vont le transmettre à leur tour. J’ai besoin de connaitre les motivations de chacun, de comprendre le cheminement, d’échanger de vive voix.

Soyons clairs, je ne mets pas la formation que je propose en haut du podium (si podium il y a !) Non, elle est à mon image, vivante, et se complète grâce aux échanges, aux partages. Néanmoins, j’ai mis beaucoup de temps, d’énergie, d’expérience dans ce que j’ai construit et je souhaite vivement transmettre le yoga à des personnes qui sont prêtes, dans leur vie, à le recevoir.

Quand on décide de se former pour devenir professeur de yoga cela peut avoir plusieurs sens. Pour certains ce sera une sorte de formalité, un peu comme si l’on validait des acquis. Pour d’autres ce sera la révélation de tout autre chose.

Il y a longtemps, la transmission du yoga se faisait à l’oral l’enseignement durait de longues années. Aujourd’hui les formations durent quelques semaines, et l’on voudrait avoir acquis les mêmes connaissances. Ce n’est pas ce qu’il faut attendre d’une formation de professeur de yoga. A l’issue de ce temps d’apprentissage, il y aura toute cette phase d’expérimentation, de digestion !

Le yoga se pratique au quotidien, dans nos comportements avec les autres, avec nous mêmes.

Le yoga s’affine dans notre pratique régulière, des asanas (postures) du pranayama (respiration), de la méditation.
Le yoga s’apprend en partageant, en expérimentant, et tout cela demande du temps, de la persévérance, une certaine discipline aussi.

A chaque nouvelle formation, je me recentre, je ne reste jamais sur des aprioris, car chaque personne est différente. J’aborde chacune de mes formations avec curiosité, impatience de partager, humilité et joie.

Je sais ma responsabilité, je suis un maillon de la chaîne, je transmets pour que d’autres puissent à leur tour transmettre.

Ce qui m’émeut le plus, c’est le lien très fort que l’on crée durant ces formations. Sur nos tapis, nous nous révélons tels que nous sommes, certains d’avoir à apprendre les uns des autres, honnêtes envers nous mêmes, à notre juste place.

C’est un moment particulier dans nos vies, bien plus qu’une formation où l’on apprend une méthode, de la philosophie, des techniques.
C’est le début de quelque chose de plus grand, qui se nourrira au fur et à mesure du temps, patiemment.

Je me revois tellement quand je retrouve les mêmes questions, les doutes sur les visages, « est-ce que j’en suis capable » ? Alors, spontanément je leur dis toute la détermination, la confiance, que chacun a au fond de soi, et qui ne demande qu’à se libérer.

Je ressens beaucoup de gratitude envers les personnes qui m’ont fait confiance, un lien qui perdure au fil du temps, toujours en contact avec les personnes que j’ai formées, chacun suit son chemin, parfois très éloignés géographiquement les uns des autres, nous allons pourtant dans la même direction, c’est ainsi que j’imagine la transmission du yoga.

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Mark Twain